— Initialement publié dans Quasar CPC numéro 18, Histoires Perpendiculaires, par Tony.
Vegapolis, 17h et quart, le rythme de la cité poursuivait son cours, les hommes menaient leurs affaires avec entrain, lorsque Théo, huit ans, quémanda : “Dessine-moi un mouton !”.
Un enfant demandait qu'on lui dessine un mouton ! À Vegapolis, les enfants sont rois : mais comment faire pour que la demande de celui-ci soit exaucée ? Comme personne n'était arrivé à lui répondre, on réunit le Conseil, afin de débattre sur la meilleure manière de figurer le mouton.
Plusieurs idées furent évoquées.
Les uns pensèrent que le mieux était de prendre les mesures de la bête, et en additionant le quotient des largeurs, il en résulterait une équation qui donnerait a longueur de la forme quadréidale à tracer.
D'autres voyaient dans l'animal la figuration de la relation de l'homme à la nature, sa place prédominante dans le monde par rapport à sa capacité à prendre conscience de cela, il fallait représenter un homme avec un grand cerveau.
D'autres encore, proposèrent d'exposer le problème au Grand Assembleur, qui lui seul, par son aptitude au calcul magique, donnerait la réponse.
Face au doute, face à la peur de ne pas trouver de quelle manière dessiner un mouton, quelques-uns proposèrent que l'on aille toucher la Statuette, car les effets spectaculaires et l'envoûtement qu'elle provoque auraient aidé l'auteur-élu dans son œuvre.
Que de confusion à Vegapolis ! Au milieu de toutes ces propositions, comment satisfaire le besoin de cet enfant ? qui écouter, quelle solution adopter ? Finalement, le chef de la métropole des grands-hommes décida que l'on ébauche un carré de quatre traits pour extraire de l'animal son être le plus profond.
Et Théo s'en alla, le cœur tout triste, parce-que les “grands” n'avaient pas su reconnaître dans sa demande un appel à redevenir comme lui, même l'espace d'un court instant.